Les thalassémies sont des maladies génétiques qui bloquent la production d'une des deux chaines de l'hémoglobine (Alpha ou Béta). Cela entraine une anémie plus ou moins profonde.
Pour comprendre ce diagnostic, on doit savoir que l’hémoglobine, le véhicule qui transporte l’oxygène aux tissus,
- se compose de deux moitiés d’hémoglobine, l’une étant transmise par la mère, et l’autre par le père,
- chaque moitié est elle-même formée de l’assemblage de pièces constitutives (les chaînes d’hémoglobine), les unes s’appelant alpha, les autres s’appelant beta. Il est nécessaire qu’il y ait autant de pièces alpha que de pièces beta pour que le globule rouge ait un développement normal. Si ce n’est pas le cas, certaines pièces alpha ou beta se retrouvent « célibataires ». Elles sont toxiques pour le globule rouge car elles se collent à sa paroi, la fragilisent et provoquent sa mort ; elles engendrent aussi la production de produits d’oxydation qui empêchent que les globules rouges jeunes deviennent adultes.
Le mot thalassémie veut dire qu’un type de pièces de l’hémoglobine, les pièces alpha ou les pièces beta, n’est pas suffisamment produit, selon le cas, on dit qu’on a une alpha-thalassémie, ou une beta-thalassémie.
En outre, la gravité du défaut de production est très variable selon la mutation génétique qui est responsable du défaut de production. Certaines mutations génétiques bloquent toute production de pièces d’hémoglobine, d’autres la diminuent seulement.
La conséquence d’une thalassémie est une anémie, mais du fait de la multiplicité des anomalies responsables, l’anémie peut être plus ou moins profonde.
Les personnes qui n’ont hérité la thalassémie que d’un des deux parent sont dits « thalassémiques hétérozygotes » ou « thalassémiques mineurs ». Ils peuvent transmettre une moitié de thalassémie à leurs enfants mais ne sont pas malades eux-mêmes. On peut les repérer car ils ont en général des globules rouges de petite taille, et les diagnostiquer en faisant une électrophorèse de l’hémoglobine.
Cette étude ne fait pas partie des examens habituellement demandés dans les bilans sanguins en France. Il faut spécifier cette demande pour savoir si on est thalassémique hétérozygote …. Cette étude est très recommandée chez les personnes originaires de pays où la thalassémie est fréquente, le Bassin Méditerranéen, le Proche- et le Moyen-Orient, les pays asiatiques…
Les personnes qui ont hérité de leurs deux parents une différence thalassémique sont dits « thalassémiques homozygotes ». Ici encore, les conséquences sont très variables d’une personne à l’autre.
Les conséquences de la thalassémie sont
- une anémie, de gravité très variable selon les patients, et avec donc des conséquences aussi très variables.
- un excès de fer, car comme les pièces d’hémoglobine ont du mal à se former, il reste du fer en trop.
Elle atteint surtout les personnes originaires d’Asie, une forme assez fréquente s’appelle aussi hémoglobinose H (car les pièces beta « célibataires » se regroupent entre elles en formant l’hémoglobine H). L’anémie est d’intensité très variable. La majorité des patients vont bien, une minorité a une anémie assez forte pour nécessiter des transfusions.
Elle atteint surtout les personnes vivant dans le Bassin Méditerranéen et en Asie. On peut observer :
- des personnes qui produisent moins d’hémoglobine que la normale, mais n’ont pas besoin de transfusions très fréquentes pour avoir une vie normale (on les appelle thalassémiques intermédiaires)
- des personnes qui produisent tellement peu d’hémoglobine par eux-mêmes qu’ils ne peuvent pas avoir spontanément une croissance (poids/taille) et une vie normales. Ils nécessitent pour vivre normalement des transfusions de globules rouges tous les mois. On les appelle beta-thalassémiques majeurs. Grâce aux transfusions mensuelles, ces patients peuvent avoir une vie normale. Les patients doivent prendre des médicaments qui retirent le fer en excès apporté par les transfusions car le fer est toxique pour les organes. La question de la transfusion mensuelle fait la gravité de la beta-thalassémie. On ne peut pas être transfusé mensuellement dans certains pays.
Des transfusions suffisantes permettent aux enfants thalassémiques de grandir et d’avoir une activité normale. Cependant, le sang qu’on transfuse contient du fer que l’organisme n’est pas capable d’éliminer naturellement. Le principal risque aujourd’hui pour les personnes thalassémiques bien transfusées est celui lié aux dépôts de fer dans le foie (risque de cirrhose), dans les glandes endocrines (risque de diabète, d’hypothyroidie, d’hypoparathyroidie, d’infertilité), dans le cœur (risque de troubles du rythme cardiaque et de décès). Des traitements de la surcharge en fer (on les appelle les chélateurs du fer) existent depuis une trentaine d’années. Ils étaient d’abord pénibles à supporter car ils devaient être injectés par voie sous-cutanée pendant plusieurs heures, quasiment toutes les nuits. Des traitements par voie orale sont maintenant disponibles et allègent beaucoup le poids du traitement, qui est quand même à prendre tous les jours.
On peut guérir la thalassémie en faisant une greffe de moelle osseuse, mais cette thérapeutique ne peut être faite dans les meilleures conditions que chez les patients ayant un frère ou une soeur de mêmes parents compatibles, ce qui malheureusement n’est rencontré que chez une personne sur 5 environ. Des résultats initiaux encourageants suggèrent que, dans un avenir très proche, la thérapie génique pourra guérir les patients thalassémiques majeurs qui n’ont pas de donneurs de moelle.
La greffe de moelle osseuse et la thérapie génique nécessitent une chimothérapie et une hospitalisation initiale de 4 à 8 semaines. En cas de succès, le patient n'a plus de crise drépanocytaire et une hémoglobine normale.
Même aujourd’hui où les malades bien traités ont une assez bonne qualité de vie, la thalassémie majeure reste une maladie lourde. On recommande aux personnes originaires du Bassin Méditerranéen, du Proche- et du Moyen-Orient, et des pays asiatiques de vérifier par une électrophorèse de l’hémoglobine si elles sont thalassémiques hétérozygotes quand elles projettent d’avoir un enfant. Si les deux futurs parents sont thalassémiques hétérozygotes, on leur conseille de rencontrer un conseiller en génétique pour se faire bien expliquer les probabilités d’avoir un enfant sans thalassémie ou avec une thalassémie, et la possibilité de faire une interruption médicale de grossesse si l’enfant à venir est thalassémique homozygote.